la place publique (l'ordre, le désordre et l'action)
la place publique (l'ordre, le désordre et l'action)
Sur une place publique, il y a des personnes qui ne font que passer, et ne désirent pas particulièrement engager la conversation avec d'autres. Et il y a ceux qui s'épanouissent dans les rencontres. Et puis cela change : le solitaire se met à parler, et celui qui parlait se tait maintenant, écoute, ou s'occupe d'autre chose. De nouveaux venus apparaissent. Et puis cela change encore...
Sur une place publique, de la même manière, certaines paroles ne font que circuler, ne valant que par le moment du partage, et s'envolent aussitôt échangées. D'autres restent plus longtemps, rebondissent, en font rebondir d'autres, deviennent de magnifiques cascades. Elles s'impriment un temps dans les mémoires - même si elles finiront toutes un jour par être oubliées.
C'est pourquoi, sur ce forum également, la trace de certaines conversations, naturellement, disparaît.
Ailleurs, d'autres paroles encore continuent de rebondir et de s'épancher.
Le fleuve emporte ses galets, en dépose quelques-uns sur la rive, et la source est intarissable.
Bienvenue dans cette petite crique...
Sur une place publique, de la même manière, certaines paroles ne font que circuler, ne valant que par le moment du partage, et s'envolent aussitôt échangées. D'autres restent plus longtemps, rebondissent, en font rebondir d'autres, deviennent de magnifiques cascades. Elles s'impriment un temps dans les mémoires - même si elles finiront toutes un jour par être oubliées.
C'est pourquoi, sur ce forum également, la trace de certaines conversations, naturellement, disparaît.
Ailleurs, d'autres paroles encore continuent de rebondir et de s'épancher.
Le fleuve emporte ses galets, en dépose quelques-uns sur la rive, et la source est intarissable.
Bienvenue dans cette petite crique...
Re: la place publique
Tout est dans tout : dans chaque lettre sont contenus non seulement tous les mots, mais aussi tous les livres, passés et à venir, et chaque carte représente la totalité de l'univers. Encore faut-il savoir les lire ! C'est lorsque le marin ne fut plus capable de déchiffrer les matières perpétuellement mouvantes du ciel et de la mer que des géographes se sont mis à dessiner des cartes.
Tout est dans tout, mais on ne le voit pas - ou du moins, pas toujours. Heureusement ! Il n'y aurait sinon pas de mystère, pas de poésie, pas de cartes enluminées... Et sans doute pas davantage de voyage.
Tout est dans tout, mais on ne le voit pas - ou du moins, pas toujours. Heureusement ! Il n'y aurait sinon pas de mystère, pas de poésie, pas de cartes enluminées... Et sans doute pas davantage de voyage.
Re: la place publique
Marion a écrit
Qui a inventé le jeu où rien n'est prévisible, mais tout est nécessaire ?
Qui a inventé le jeu où rien n'est prévisible, mais tout est nécessaire ?
Re: la place publique
Qui a inventé le jeu ? Mais c'est toi qui l'inventes, bien sûr, au fur et à mesure que tu le joues ! Tu l'inventes à chaque instant, et c'est pourquoi ni toi, ni personne, ni Dieu même ne peut rien prévoir de l'instant qui va suivre (bien que je puisse raisonnablement m'attendre à retrouver le même arbre demain matin, devant ma fenêtre...)
Tu l'inventes, et ce qui apparaît, ce qui jaillit dans l'apparaître ne peut être autre chose que cela qu'il est ? pour la bonne raison qu'il est cela et pas autre chose ! "Ce qui est, est" : telle est l'irréfutable formule de cette nécessité, qui ne régit en rien ce qui sera à l'instant qui va suivre (bien qu'il soit au plus haut point improbable que l'arbre devant ma fenêtre disparaisse subitement...)
Tu inventes le jeu que tu joues, ou peut-être est-ce le jeu qui t'invente, le jeu qui te joue...
Tu l'inventes, et ce qui apparaît, ce qui jaillit dans l'apparaître ne peut être autre chose que cela qu'il est ? pour la bonne raison qu'il est cela et pas autre chose ! "Ce qui est, est" : telle est l'irréfutable formule de cette nécessité, qui ne régit en rien ce qui sera à l'instant qui va suivre (bien qu'il soit au plus haut point improbable que l'arbre devant ma fenêtre disparaisse subitement...)
Tu inventes le jeu que tu joues, ou peut-être est-ce le jeu qui t'invente, le jeu qui te joue...
Re: la place publique
domino a écrit
Je vois à l'instant que ce 2ème voyage a enfin commencé, je peux le hanter à nouveau !
Rien n'est prévisible, dis-tu Viator, mais je peux tout de même m'attendre à retrouver le même arbre demain matin... Comment concilier ces deux affirmations ?
Je vois à l'instant que ce 2ème voyage a enfin commencé, je peux le hanter à nouveau !
Rien n'est prévisible, dis-tu Viator, mais je peux tout de même m'attendre à retrouver le même arbre demain matin... Comment concilier ces deux affirmations ?
Re: la place publique
Sincèrement heureux de te revoir, cher domino !
Il y a une différence entre s'attendre à, et prévoir. Même si ce à quoi je m'attends a une probabilité extrêmement forte de survenir. À vrai dire, cette notion d'imprévisibilité, ou d'impermanence pour parler comme les bouddhistes, n'est pas contradictoire avec la présence d'une certaine inertie au sein de la matière. Le "sage", certes, éprouve la nécessité de ce qui est ? et cette nécessité ne concerne que le réel, que le présent. Est-ce à dire qu'il n'entrevoit pas, comme encore "en germe" dans ce présent, la nécessité de ce qui sera ? n'est-il pas quasiment nécessaire en effet que cet arbre que je vois là devant moi soit encore là, disons, dans 5 minutes ? Sans doute. Mais la connaissance de cette nécessité dans le futur est une expérience purement mentale. Ce qui ne veut pas dire qu'elle soit illégitime : lui-même consulte des horaires de train pour savoir lequel il prendra le lendemain. Mais il expérimente là un tout autre ordre de réalité : l'intensité de l'être ne se vit que dans le présent, et cette intensité est d'une imprévisibilité radicale, tout simplement parce que le futur n'y a aucune place, aucun sens.
Il y a une différence entre s'attendre à, et prévoir. Même si ce à quoi je m'attends a une probabilité extrêmement forte de survenir. À vrai dire, cette notion d'imprévisibilité, ou d'impermanence pour parler comme les bouddhistes, n'est pas contradictoire avec la présence d'une certaine inertie au sein de la matière. Le "sage", certes, éprouve la nécessité de ce qui est ? et cette nécessité ne concerne que le réel, que le présent. Est-ce à dire qu'il n'entrevoit pas, comme encore "en germe" dans ce présent, la nécessité de ce qui sera ? n'est-il pas quasiment nécessaire en effet que cet arbre que je vois là devant moi soit encore là, disons, dans 5 minutes ? Sans doute. Mais la connaissance de cette nécessité dans le futur est une expérience purement mentale. Ce qui ne veut pas dire qu'elle soit illégitime : lui-même consulte des horaires de train pour savoir lequel il prendra le lendemain. Mais il expérimente là un tout autre ordre de réalité : l'intensité de l'être ne se vit que dans le présent, et cette intensité est d'une imprévisibilité radicale, tout simplement parce que le futur n'y a aucune place, aucun sens.
Re: la place publique
Marion a écrit
Peut-être est-ce le jeu qui me joue ? J'étais plutôt contente de savoir que j'inventais le jeu et patatras !
D'ailleurs, je viens d'écrire sur le forum et je crois que ma première formulation n'a pas été prise en compte.
Comme si la machine décidait à ma place.
Peux-tu préciser comment le jeu me joue, donner un exemple ?
Peut-être est-ce le jeu qui me joue ? J'étais plutôt contente de savoir que j'inventais le jeu et patatras !
D'ailleurs, je viens d'écrire sur le forum et je crois que ma première formulation n'a pas été prise en compte.
Comme si la machine décidait à ma place.
Peux-tu préciser comment le jeu me joue, donner un exemple ?
Re: la place publique
La machine décide à ta place : veux-tu dire que le message qui a été enregistré sur le forum n'est pas celui que tu as écrit ? Comme c'est étrange... Peut-être est-ce juste une question de manque de familiarité avec l'outil de communication virtuelle...
Je te retourne la question : peux-tu donner un exemple où tu sais, où tu sens clairement que c'est bien toi qui joues le jeu ? Sauf empêchement physique, me diras-tu, nous sommes libres de faire ce que nous voulons (je suis libre de lever le bras, si je le veux, et si, d'une manière ou d'une autre, je n'en suis pas empêché). En ce sens, c'est bien nous qui jouons le Jeu. Mais sommes-nous libres de vouloir ce que nous voulons ? (suis-je libre de vouloir lever le bras lorsque je veux le lever ?) Si j'étais libre de vouloir, il faudrait que je puisse aussi, lorsque je veux, ne pas vouloir (que je puisse aussi, lorsque je veux lever le bras, ne pas vouloir le lever), ce qui serait logiquement contradictoire ! A ce niveau, et quelle que soit la situation, n'est-ce pas plutôt le Jeu qui nous joue, et qui décide en nous ce que nous voulons ?
Je en suis pas libre, mais je peux me libérer de cette illusion de la liberté, et c'est le premier pas vers le Grand Réveil.
Je te retourne la question : peux-tu donner un exemple où tu sais, où tu sens clairement que c'est bien toi qui joues le jeu ? Sauf empêchement physique, me diras-tu, nous sommes libres de faire ce que nous voulons (je suis libre de lever le bras, si je le veux, et si, d'une manière ou d'une autre, je n'en suis pas empêché). En ce sens, c'est bien nous qui jouons le Jeu. Mais sommes-nous libres de vouloir ce que nous voulons ? (suis-je libre de vouloir lever le bras lorsque je veux le lever ?) Si j'étais libre de vouloir, il faudrait que je puisse aussi, lorsque je veux, ne pas vouloir (que je puisse aussi, lorsque je veux lever le bras, ne pas vouloir le lever), ce qui serait logiquement contradictoire ! A ce niveau, et quelle que soit la situation, n'est-ce pas plutôt le Jeu qui nous joue, et qui décide en nous ce que nous voulons ?
Je en suis pas libre, mais je peux me libérer de cette illusion de la liberté, et c'est le premier pas vers le Grand Réveil.
Re: la place publique
... je te poursuis donc, cher Viator, au travers des inextricables couloirs de ton forum, et te pose la question brûlante :
"le premier pas vers le Grand Eveil", dis-tu. Tu me mets l'eau à la bouche ! Alors quels sont les pas suivants, et quel est l'ultime ?
"le premier pas vers le Grand Eveil", dis-tu. Tu me mets l'eau à la bouche ! Alors quels sont les pas suivants, et quel est l'ultime ?
Re: la place publique
Je dois bien avoir une marge de liberté.
Sinon, je ne mettrais pas autant de temps à faire des choix, depuis les couleurs que je vais porter aujourd'hui jusqu'à la décision de changer de job ou d'appartement.
S'il n'y a pas de liberté et si, en plus, je crois choisir et je me tourmente à cause de cela, je sens comme une arnaque.
Sinon, je ne mettrais pas autant de temps à faire des choix, depuis les couleurs que je vais porter aujourd'hui jusqu'à la décision de changer de job ou d'appartement.
S'il n'y a pas de liberté et si, en plus, je crois choisir et je me tourmente à cause de cela, je sens comme une arnaque.