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Xanthippe, et quelques autres
Posté : dim. janv. 13, 2013 9:49 am
par viator
Qui est Viator ? Un homme et une femme, peut-on lire quelque part dans les pages de ce carnet de voyage. Une antenne et un stylet. Or c'est l'aspect "homme" de ce Voyageur qui, à chaque étape, ouvrait les dialogues sur le forum. Cette fois, il commencera par écouter, s'il le peut - semblable en cela à Socrate, qui finit sa vie publique en écoutant la parole de Xanthippe, qui la commença en interrogeant l'oracle de la Pythie, prophétesse de Delphes. Et qui, lorsqu'il dialogua sur l'amour, rapporta ce que lui avait enseigné Diotime, prêtresse de Zeus et initiée, dit-on, aux mystères de Pythagore.
Au début comme à la fin donc, et sur les sujets les plus essentiels, Socrate écoute la femme. Il commence, et finit en questionnant. Et c'est de la femme qu'il attend la réponse.
Comme si les rites et les mythes étaient les réponses aux éternelles questions de la raison...
Re: Xanthippe, et quelques autres
Posté : mar. janv. 22, 2013 9:16 pm
par marion
j'ai souvent l'impression, cher Viator, que ce que tu écris se suffit à lui-même, comme une évidence qui n'a pas besoin de commentaires raisonnants.
Re: Xanthippe, et quelques autres
Posté : jeu. janv. 24, 2013 7:10 am
par viator
Je n'écris pas avec le dessein de susciter des questions, chère Marion, tu l'as bien compris ? j'écris d'ailleurs sans dessein particulier. D'autres types d'écriture seraient sans doute plus à même d'inviter au dialogue, dialogue qui risquerait, c'est vrai, de n'être que "raisonnant"... Or ce qui est transcrit ici est juste ce qui est venu, plus proche du silence peut-être ? ou de la poésie, ou du mythe, aspects féminins de l'écriture, et qui sont comme des silences éclairés, colorés, décorés. Maquillés aussi, cela arrive, et trahis : telle est la teneur parfois de ce qui se présente (même ici !) comme "poésie". C'est ainsi qu'apparaît tour à tour la face double de la lune, reflet du soleil, ou trou d'ombre dans le ciel.
C'est pourquoi il convient de discerner toujours, et d'écouter comment les mots résonnent au fond de soi...
Re: Xanthippe, et quelques autres
Posté : ven. janv. 25, 2013 6:39 pm
par Mélusine
Ecouter comment les mots résonnent au fond de soi...
Et "se découvrir", comme si l'on touchait son âme du bout de ses doigts. Cette révélation évidente par moment peut s'embuer et devenir floue ...
et parfois l'on perd ce sens de soi-même, car la vie est ainsi faite qu'on passe son temps à se perdre puis à se retrouver entre paroles, rites et poésie ...
La parole de l'oracle, le regard de la pythie, inlassablement, dans leur résonance, rassemblent et relient tous nos fils intérieurs...
tissages, vie... entre l'ombre et la lumière de la double face de la lune...
Re: Xanthippe, et quelques autres
Posté : dim. janv. 27, 2013 9:07 am
par viator
Écouter la résonance en effet ? et non le raisonnement...
Oui, chère Mélusine, les événements sont tour à tour favorables ou défavorables, à l'horizon du moins de nos petits projets concrets, et la lune tour à tour se voile et se dévoile... Mais se souvenir toujours que c'est la lune noire qui la nouvelle lune, celle qui préside aux changements, aux bouleversements, qui redynamisent à chaque fois notre vie...
Naissance et mort comme voisines
Posté : mer. févr. 01, 2017 5:12 am
par hyen
Bonjour chers amis
Oui aujourd'hui cette nouvelle lune célèbre la nouvelle année du coq en astrologie chinoise. Le coq symbole fort représentant la France, et aussi animal de rituel comme Viator le rappelle dans la lettre X. Cette lettre me ramène donc ici après 7 ans l'avoir quittée, après avoir regardé les archives du web mon inscription remonte bien à ce temps : "A ce jour, nouvelle lune du 15 janvier, j?ai atteint ma vingt-quatrième étape, ma vingt-quatrième lettre : le X."
Et c'est après avoir visité quelques lettres du voyage entre hier "l'abîme du S" et aujourd'hui "le chiasme du X", et après m'être arrêté sur le M de la mort, page de la lettre où je n'ai pas trouvé de lien vers une autre lettre où rebondir, et c'est ce thème de la mort donc qui revient avec le moment de la mort de Socrate...
"Un ailleurs aussi radicalement insondable que celui d?où il est venu, le jour de sa naissance"
... J'aimerais partager avec vous aujourd'hui comment j'ai pu vivre ce temps particulier où la mort et la vie sont comme voisines.
Comme je le disais la fois précédant, il y a 3 ans j'ai vécu un moment difficile à l'hôpital, cela se rapproche d'un accident mais de là à dire que j'aurais approché la mort c'est un peu exagéré. Cela étant, je pense que mon corps autant que mon esprit ont choisi, peu de temps après ma sortie de l'hôpital, de générer une nouvelle vie. Après avoir suivi avec attention toutes les étapes de la genèse et de la transformation je donnais naissance 9 mois après à un nouveau né.
Là encore, la proximité avec le moment de la naissance était telle que l'urgence de préserver cette nouvelle vie était forte, comme si la mort menaçait quelque part si les parents de l'enfant ne prenaient garde. En même temps, de voir cet être fragile se battre avec tant de force pour vivre, cela rend humble et généreux sur le temps et l'amour à donner.
C'était au début de l'année 2015, moment gravé par cette image vue sur internet d'un nouveau né avec inscrit sur son bracelet de naissance "Je suis Charlie".
Re: Xanthippe, et quelques autres
Posté : jeu. févr. 02, 2017 6:51 am
par viator
Au cours de ce deuxième voyage, les lettres apparaissent non plus par ordre alphabétique, mais de manière totalement imprévisible. C'est pourquoi le X vient maintenant après le S, et nul ne connaît laquelle sera la prochaine. Cependant ? la souffrance, le rituel, la mort de Socrate : en dépit de tout ce qui pourrait nous sembler pur caprice du hasard, et quoi qu'il arrive, tout est profondément relié.
Cette improbable coïncidence, chère Hyen, tu l'as aussi remarquée, de manière particulièrement intime, lors de cette quasi simultanéité d'une maladie grave et d'une naissance. Au fond, rien de plus naturel : avant de naître, il faut en effet mourir ! J'ai entendu dire que la mort n'est pas le contraire de la vie, mais le contraire de la naissance. Autrement dit, la mort, une naissance dans l'autre sens, et inversement. La vie est partout.
Re: Xanthippe, et quelques autres
Posté : dim. févr. 05, 2017 5:46 am
par hyen
Merci Viator, voici encore quelques méandres de ma pensée...
Est-ce que les larmes de Xanthippe sont une forme de mort ? De ce couple est-il né un enfant ou une autre forme de vie ? Pourquoi le lien d'amour du couple ne me semble pas évident ?
Dans notre façon de vivre moderne, le rituel du virtuel s'impose. Rien de plus simple que de chercher l'âme s?ur, fuir une contrainte ou se libérer cela devient synonyme, pourtant dans la réalité je cherche ce couple où je suis moi-même mon propre geôlier.
En comparaison je suis aussi cette maladie du corps et de l'âme qui me suit sans cesse et à laquelle je n'ai pas de réponse immédiate, du moins pas un changement que je puisse percevoir, une immobilité qui s'apparente à une mort.
Au final je souhaite dompter la mort alors que j'ai du mal à accepter la vie. Ce jeu du je me rend triste et solitaire et il y a en moi un élan vers cet autre que je ne sais pas orienter, vers qui, vers quoi ?
"Faut"-il tant de morts ou de vies perdues pour répondre à cette seule question du divin en soi, dire que la vie est partout n'est-ce pas aussi dire que la mort est partout, et cela est une chose inacceptable.
Re: Xanthippe, et quelques autres
Posté : lun. févr. 06, 2017 7:12 am
par viator
... Je ne sais pas trop quel genre d'amour Socrate éprouvait pour Xanthippe, mais il est vrai qu'au moment de mourir il a préféré rester avec ses copains. Peut-être voulut-il tenir à l'écart son propre double féminin, son anima... Ici, dans notre monde actuel, on a coutume de tenir sa mort à l'écart, comme si, elle non plus, ne faisait pas partie de la vie.
Ne pas accepter la mort, c'est ne pas accepter le tout de la vie. Nulle part où aller, chère Hyen, juste laisser venir à soi la part qui nous manque, pour l'un l'anima, la mort pour un autre. Socrate, initié par la prêtresse de Delphes, refusa ce jour là la présence de Xanthippe ? quelles furent ses raisons...
La mort n'est plus un problème dès qu'on a compris, de manière intime et profonde, que celle-ci viendra au moment précis où elle doit venir, et que ce sera alors le meilleur moment... Accepter la mort, comme possibilité pouvant survenir à chaque instant ? ne reste alors, à chacun de ces instants qui passe, que la flamme immortelle de la vie.
Avec toi
Re: Xanthippe, et quelques autres
Posté : jeu. févr. 23, 2017 9:04 am
par viator
...Je reviens un instant, chère Hyen, pour répondre à tes derniers posts de la lettre X, qui nous renvoient directement à la 13ème lettre, la 13ème carte, le M...
Il me semble que sans la mort, il manquerait quelque chose d'essentiel à la vie. Car la mort n'est pas seulement son terme, ce qui survient quand la vie finit : la mort est également ce qui l'habite en son c?ur, cette fragilité, cette vulnérabilité sans laquelle elle ne serait tout simplement pas vivante. C'est pourquoi un homme devenu invulnérable, immortel, ne serait plus tout à fait un homme. Un homme "augmenté" serait nécessairement moins qu'un homme...